La première étape quand on cherche à lutter contre le harcèlement moral est d'engager la discussion avec la personne qui nous fait souffrir.

Comment lutter contre le harcèlement moral ? Etape 1 : engager la discussion

La première étape cruciale pour lutter contre le harcèlement moral au travail est d’engager une discussion constructive avec la personne présumée être à l’origine du comportement inapproprié. Cela peut être une étape intimidante, mais c’est un pas essentiel vers la résolution du problème. 

Et surtout, il s’agit d’un pas nécessaire avant tout recours, signalement ou plainte auprès de la police. 

En France, la loi définit le harcèlement moral dans l’article L1152-1 du Code du Travail et l’article 222-33 du Codé Pénal. Dans des articles précédents, les effets du harcèlement moral ont été abordés autant pour les victimes que pour les entreprises

Rappelons que de tels agissements ont pour conséquences une dégradation des conditions de travail pouvant mettre en danger la santé physique et mentale des salariés et autres collaborateurs. Et en dehors des dommages causés sur le personnel, cela nuit à l’avenir entier de l’entreprise. 

​L’importance d’engager la discussion dans la lutte contre le harcèlement moral 

Lorsque l’on pense « lutte contre le harcèlement moral », on pense immédiatement à des recours en justice. Des sanctions pénales. Et des actions disciplinaires. Que cela soit à l’encontre d’un collègue. Ou d’un employeur, selon le type de harcèlement moral considéré. 

Toutefois, doit-on systématiquement saisir un juge, la police ou un défenseur des droits quand on est victime de harcèlement moral? 

En cas de discrimination sexiste, religieuse ou autre, recourir au défenseur des droits a tout son intérêt. Mais dans la plupart des cas, la réponse à cette question est non. Pas dans un premier temps. 

Pourquoi ? 

Car l’auteur des faits peut ne pas se rendre compte de la souffrance qu’il fait porter. 

La communication au travail, un art bien difficile 

La communication, bien qu’omniprésente au travail, est loin d’être une compétence innée. Que cela soit au sein de la direction, en échangeant avec un supérieur hiérarchique ou même avec ses collègues. Une même phrase peut être reçue de différentes façons

En effet, personne ne parle de la même manière. Ni n’a la même sensibilité. Des mots blessants pour une peuvent ne pas l’être pour une autre. Une remarque qui se veut constructive peut être perçue comme un propos violent. Et ces divergences naissent souvent de styles de communication différents.

Schéma représentant la divergence d'interprétation et de qualité de communication selon le profil de chacun des interlocuteurs.
L’efficacité de l’échange dépend du profil de communication adopté par chacun.
Schéma illustrant le fait d'une phrase peut être interprétée de façon différente selon l'interlocuteur. Une même phrase peut donc sembler anodine pour l'une et violente pour l'autre. Cette divergence peut être à l'origine de harcèlement moral contre lequel on doit lutter.
Une phrase peut être interprétée de différentes façon selon l’interlocuteur.

Alors, il est important de se rappeler la définition du harcèlement moral. Que tout se base sur la répétition d’évènements hostiles.

Mais il faut aussi garder en mémoire que des agissements peuvent être perçus comme des actes de harcèlement moral ou non selon la sensibilité individuelle de chacun. Ce qui peut sembler anodin pour une personne peut être profondément blessant pour une autre.

Or sur le lieu de travail, pour bien collaborer, la communication doit être efficace. Et cela se caractérise par la prise en compte des différents profils de communication. S’adapter au profil de chacun permet ainsi de mieux faire passer des messages et surtout permet de prévenir et de lutter contre le harcèlement moral.

C’est en cela qu’une bonne communication est devenu un art. 

Les différents profils de communication – test DISC

Mais heureusement, il existe des outils à la portée de tous qui permettent de mettre à jour le profil de communication de chacun. Grâce au test du DISC notamment, il est possible de connaître la façon de parler et avec laquelle on doit s’adresser aux autres tout en préservant la sensibilité de chacun.

Le modèle DISC est un outil précieux pour comprendre les profils de communication. 

Ce test identifie quatre grandes tendances comportementales : Dominant (rouge), Influent (jaune), Stable (vert) et Consciencieux (bleu)

Par exemple, une personne « Dominant » peut sembler brusque à une autre « Stabilité », qui privilégie la douceur et l’harmonie. 

Les différents profils de communication selon le test DISC

Avec la connaissance de son propre profil et celui de ses collègues, il devient plus facile d’adapter son langage. D’éviter les malentendus. Et de désamorcer des tensions.

En conséquence, utiliser le test DISC dans une équipe permet non seulement de fluidifier la communication, mais aussi de prévenir des conflits qui pourraient dégénérer en situations de harcèlement moral perçues.

Par ailleurs, investir dans des formations ou des ateliers pour former les managers sur cet outil est donc un levier efficace pour favoriser un environnement de travail sain.

Ce test tient donc compte de la personnalité de l’individu pour établir son profil de communication. Toutefois, il ne saurait être parfait. Même au sein d’un même type, la sensibilité de chacun est différente. 

Et on peut se demander si la perception du harcèlement moral est dépendant de cette sensibilité…

Sensibilité ou résilience ? 

En effet, on peut aussi aisément se dire qu’une personne sensible verra du harcèlement moral partout. Et qu’une personne résiliente pourra tenir dans un environnement stressant et malsain. 

​Eh bien, c’est faux. 

La sensibilité d’un individu peut plus facilement le mener vers un épuisement, un burn-out ou un stress chronique. Mais cela ne signifie par pour autant qu’il s’agit de harcèlement moral.

Quant à la personne résiliente ? Faisons peut-être un point sur la résilience. Cela ne veut pas dire subir sans rien dire. Cela veut dire arriver à rebondir. A passer outre des évènements traumatisants. Mais pour plus d’informations, je vous renvoie vers notre article à ce sujet.

Alors au final, on en revient à la notion de répétition. Peut-être le mot le plus important dans la définition du harcèlement moral. 

Il est important de rappeler que ce sont les agissements répétés qui vont finir par nuire à la dignité de la victime. Altérer sa santé physique et mentale. Compromettre son avenir, professionnel ou non. 

Et ce, quelle que soit la sensibilité de la personne visée par l’auteur des faits. Et quelle que soit sa résilience.

Cette sensibilité ou résilience de la victime ne vont qu’accélérer ou retarder les effets du harcèlement moral sur elle.

Nul ne peut subir des comportements hostiles répétés sans atteinte mentale.

Mais gardez à l’esprit que malgré un ressenti personnel face à une situation, la personne qui cause ces souffrances n’en est peut-être pas consciente. 

C’est pourquoi, avant de lancer toute procédure, il est donc essentiel d’engager la discussion avec le harceleur présumé

Quelques conseils pour bien aborder cette conversation de manière efficace et respectueuse :

1. Prendre du recul et analyser la situation : 

Avant d’engager la discussion, il est important de prendre le temps de réfléchir à ce qu’on ressent. Et à comment le comportement de l’autre personne nous affecte. 

Ainsi, on peut se demander :

  • Est-ce un comportement ponctuel ou récurrent ?
  • Y a-t-il un contexte particulier (pression, stress, malentendu) qui pourrait expliquer ce comportement ?

Il faut essayer de comprendre les éventuelles raisons pouvant causer cet agissement de l’autre. Sans juger. Mais il faut bien garder à l’esprit qu’une explication ne constitue pas une excuse. 

Cette introspection vous permettra d’aborder la conversation avec plus de clarté et de sérénité.

2. Laisser ses émotions se poser avant d’engager la discussion

Il ne faut surtout pas engager la conversation à chaud. Mais laisser les émotions se poser avant de vous adresser à l’auteur des faits.

Une conversation menée à chaud risque de dégénérer et d’être contre-productive. Cela pourrait favoriser un basculement dans la violence psychologique dégradant fortement vos relations.

Ainsi, il est essentiel de prendre le temps de calmer vos émotions. Que ce soit en parlant à un tiers de confiance. En écrivant vos pensées dans un journal. Ou simplement en vous accordant une pause. 

Cela permettra d’éviter les réactions impulsives et de formuler vos propos de manière posée et constructive.

3. Choisir le bon moment et le bon endroit 

Le contexte dans lequel on engage la discussion est essentiel. 

Opter pour un lieu neutre et calme est une bonne stratégie. Cela permet de parler en privé, sans interruption ni distraction

Il est également important de choisir le bon moment. Il faut s’assurer de choisir un moment de la journée où aucun des deux partis n’est stressé anormalement. Ainsi il vaut mieux éviter de faire cela avant une réunion importante ou en fin de journée, quand tout le monde souhaite rentrer chez soi.

Enfin, il faut s’assurer que les deux interlocuteurs soient tous les deux disponibles et dans des dispositions favorables à une discussion ouverte et sérieuse. 

4. Être direct mais respectueux 

L’idéal dans ce genre de discussion est d’avoir recours à la communication non-violente. Cela permet d’exprimer clairement son ressenti par rapport au comportement d’un autre sans prendre le risque de sombrer dans la violence.

Il faut s’évertuer à restez calme et professionnel, même si la situation vous met mal à l’aise.

Il faut soutenir vos propos avec des exemples précis pour illustrer votre ressenti. Mais sans blâmer ou juger l’autre. Cela signifie également être objectif quant aux évènements. 

Cette démarche rendra la conversation plus aisée et moins susceptible de déclencher une réaction défensive.

5. Ecouter également leur point de vue 

Il faut se rappeler que l’auteur des agissements ou propos hostiles n’a peut-être pas conscience d’avoir été source de souffrance. 

De la même façon, vous avez potentiellement été vous-même responsable d’une agression verbale ou de violences répétées à son encontre. Sans pour autant vous en être rendu compte.

Il est extrêmement important de donner à l’autre personne l’opportunité de s’exprimer et d’expliquer son comportement.

Il ne faut pas hésiter à poser des questions ouvertes pour mieux comprendre leur perspective, par exemple :

  • « Est-ce que tu perçois les choses différemment de ce que je décris ? »
  • « Qu’as-tu ressenti ou pensé lorsque [comportement précis] s’est produit ? »
  • Selon toi, y a-t-il quelque chose dans notre façon de communiquer qui pourrait être amélioré ?

Mais elle peut aider à mieux comprendre la dynamique et, dans certains cas, à identifier des malentendus ou des points de friction inattendus.

6. Explorer des solutions ensemble

Une fois que vous avez exposé vos préoccupations, discutez des mesures que vous pouvez prendre pour améliorer la situation. Cela peut inclure des compromis, des changements de comportement ou même une mise en place de mécanismes de communication plus clairs. 

Si la discussion semble tourner en rond ou si la situation est trop complexe, l’intervention d’un tiers, comme un médiateur ou un responsable des ressources humaines, peut faciliter la résolution.

L’objectif est de sortir de cette conversation avec un plan d’action clair. Même si celui-ci doit être ajusté au fil du temps. Cela montre une volonté mutuelle de construire un environnement plus sain et respectueux.


Tout au long de cet échange, il est important de se rappeler que vous travaillez pour la même entreprise. Votre objectif commun est donc de veiller au bon fonctionnement de celle-ci. 

Ainsi, il est important d‘identifier la situation rapidement et de réagir face au harcèlement moral que l’on subit. Mais avant de rechercher les recours possibles, l’assistance d’un avocat ou de déposer plainte, il est essentiel d’agir au plus vite en engageant une discussion avec le présumé harceleur. Lui accorder le bénéfice du doute

Même si c’est une étape difficile, cela peut permettre de clarifier une situation dont l’un des protagonistes n’avait pas conscience de la gravité. Ouvrir le dialogue peut permettre de prévenir le harcèlement moral dans le futur. 

Une seconde option de discussion (moins recommandée)

Malheureusement, il est vrai qu’aborder une personne qui nous fait souffrir peut être difficile. Alors aller trouver l’auteur des faits de harcèlements moral que nous subissons peut l’être particulièrement. 

Alors, il existe d’autres moyens pour engager une discussion. Cette option permet d’alerter les représentants du salarié ou de prévenir son employeur. Via une lettre formelle envoyée en recommandé avec accusé de réception, une réunion peut être sollicitée pour discuter de votre souffrance au travail. Vous pouvez donc les solliciter pour pouvoir éclaircir la situation avec l’auteur des faits. Cela revient à faire une médiation où l’employeur ou le représentant des salariés fera office de médiateur. 

Dans tous les cas, la discussion qui aura lieu devra être non-violente

Et c’est d’autant plus important avec cette option puisque l’auteur présumé des faits sera convoqué en réunion. Il peut donc être dans une situation de stress. Être convoqué peut brusquer et entraîner des réactions défensives.


Ainsi, dans la lutte contre le harcèlement moral, il est important de commencer en engageant une discussion non-violente. Afin que chacun puisse écouter le ressenti de l’autre. 

Rappelez-vous :

Personne ne peut deviner ce que vous ressentez.
N’hésitez pas à le verbaliser calmement.

Votre interlocuteur pourra alors prendre conscience de votre sensibilité et adapter son comportement en conséquence. 

Quelques clés de la discussion non-violente

En suivant ces clés, vous pouvez favoriser une discussion non violente et constructive, même dans des situations difficiles telles que le harcèlement moral. L’objectif est de trouver des solutions positives et respectueuses qui permettent à toutes les parties impliquées de se sentir entendues et valorisées.

Le plus important : pas d’accusation, exprimez seulement vos ressentis (« je ressens », « j’ai le sentiment de… »)

Conclusion

Engager une discussion quand on se sent victime de violence psychologique n’est jamais facile. Mais c’est un pas crucial dans la lutte contre le harcèlement moral. Et oriente vers un environnement de travail plus sain et respectueux pour tous. 

Par ailleurs, il faut bien garder en tête que la personne qui vous harcèle n’a peut-être pas conscience de ce qu’elle fait. Engager la discussion avec elle permet de lui accorder le bénéfice du doute. De faire cesser ces comportements hostiles. De protéger la santé de chacun. 

Toutefois, il arrive que les personnes fassent preuve de mauvaise foi. Et que les faits de harcèlement moral se poursuivent malgré la discussion. Dans ce cas, il faut envisager d’autres mesures nécessaires internes pour alerter les représentants et prévenir son employeur.

Si vous avez besoin de soutien supplémentaire, n’hésitez pas à nous contacter.

Si la discussion n’a pas suffi pour lutter et stopper le harcèlement moral, orientez -vous vers l’étape 2.


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